Il fait beau, il fait chaud… et j’ai décidé de profiter de ces conditions propices pour fabriquer mon premier four solaire.
J’en rêvais depuis un bail et pour ce faire, je me suis inspirée du modèle proposé sur le site du désormais fameux Low Tech Lab (en français dans le texte « laboratoire de basse technologie », dont la visibilité a sensiblement augmenté ces dernières années, notamment grâce à la série Arte lui étant consacrée et au futur film sur la low tech suite à un financement participatif). Le concept de la low tech rencontre plusieurs de mes valeurs et je le trouve assez efficacement résumé dans le synopsis du film : « En opposition à la high-tech, la low-tech est une démarche écologique et locale, qui consiste à concevoir ou à diffuser des techniques et des savoir-faire simples, durables et accessibles à tous. Un groupe de citoyens se bat pour démocratiser cette approche. Pour s’alimenter en énergie, réparer les machines de leur quotidien ou bâtir leurs propres moyens de production, dans l’agriculture ou l’industrie. Avec des outils à portée de chacun d’entre nous…«
Après avoir lu ce tuto, je me suis lancée. Pour commencer, j’ai ouvert l’œil et récupéré l’essentiel du matériel nécessaire à la réalisation de mon projet : des panneaux pour construire la caisse (merci N !), de l’isolant (merci T !), une couverture de survie, une vitre (merci E!), des charnières… Ayant fait le choix de m’équiper pour bricoler depuis un moment, j’avais déjà la majorité de la visserie et de l’outillage nécessaire pour avancer sans avoir à faire de gros investissement. J’ai juste emprunté une scie circulaire à un ami toujours fidèle au poste sur qui j’ai la chance de pouvoir compter (merci P !).
Au début de l’été, quelques jours de pluie consécutifs m’ont permis de bénéficier de l’aide imprévue d’un autre ami de passage à la maison pour démarrer la fabrication en tant que telle (merci T !). Ensemble, nous avons monté la caisse et réalisé la découpe de l’isolant en combinant scie circulaire et couteau à pain.
Ensuite, j’ai poursuivi en recouvrant l’isolant de couverture de survie réfléchissante avec du double face, en fixant les réflecteurs latéraux et en les parant à leur tour de couverture de survie. J’ai aussi pris l’initiative de peindre l’extérieur de la caisse avec une bombe de peinture noire matte. A ce stade, le four était fin prêt pour un premier essai : et bim ! l’eau de ma casserole est montée sans peine à plus de 100°C.
Chouette, bien évidemment ! Néanmoins, l’observation de ce premier test me portait à croire que certains éléments de la conception de mon four telle que je l’avais mise en œuvre pouvaient encore être améliorés : premièrement, la couverture de survie n’a pas tenu le choc thermique et a d’abord bullé, puis fondu à certains endroits de l’intérieur du four; deuxièmement, une partie non-négligeable des rayons du soleil n’atteignaient pas le centre du four car ils étaient réfléchis en dehors de la caisse, troisièmement, ceux qui touchaient le fond de la caisse ne restaient pas tous dans le four puisqu’ils étaient pour certains renvoyés vers l’extérieur en raison du revêtement réfléchissant, quatrièmement, je trouvais le déplacement du four pour suivre la course de l’astre solaire au fil de la journée un peu fastidieux.
J’ai planché avec O, en vacances chez nous et surmotivé à son habitude, pour pallier ces petits défauts. Nous avons donc choisi d’ajouter un fond non réfléchissant ainsi qu’une ardoise pour accumuler un peu de chaleur (merci L pour ton don de l’époque) à l’intérieur de la caisse. P, toujours fidèle au poste avait justement chez lui un ancien support d’écran de télé permettant de tourner l’écran qui nous a permis de faire d’une pierre deux coups : nous l’avons fixé au fond du four pour suivre plus aisément le soleil et adapté pour incliner le four et ainsi capter davantage de rayons à l’intérieur de l’espace de cuisson. Cette dernière idée a eu pour conséquence de devoir reprendre la forme de l’isolant du fond du four en lui donnant une pente inverse pour que la casserole ou le récipient mis à chauffer ne soit pas lui aussi incliné vers l’avant. Nous avons par ailleurs adapté la découpe supérieure des isolants pour donner une meilleure assise au vitrage, améliorer la réflexion des rayons solaires et l’étanchéité de la fonction marmite norvégienne. Et pour cette histoire de couverture de survie qui bulle, je l’ai remplacée par de l’adhésif réfléchissant en alu résistant aux fortes températures (vous voyez, celui que l’on voit parfois sur le tubage des poêles ?).
Voici le four paré pour un deuxième essai de cuisson ! Au menu, fricassée de légumes du jardin cuite dans une cocotte en fonte. Plus de 120°C au compteur ! Miamiiiii ! On s’est régalés.
Petit bémol technique : le seul panneau que j’avais récupéré aux bonnes dimensions pour constituer le fond de la caisse du four était en bois aggloméré et la condensation des cuissons successives l’ont fait bomber. J’ai pour l’instant ajouté une couche de métal entre l’isolant et ledit panneau histoire guider l’eau vers l’extérieur, le four étant penché vers l’avant si vous avez bien suivi mais je garde les deux yeux ouverts dans l’espoir d’une future récupe me permettant de remplacer tout bonnement ce panneau par autre chose que de l’agglo et ainsi régler le problème encore plus durablement.
Tel qu’il est aujourd’hui, le multicuiseur fait déjà office de four solaire et de marmite norvégienne . Il ne me reste plus qu’à bricoler sur la fonction de séchoir solaire. Et je vous tiendrai bien sûr au jus de ces futures expérimentations !
Matériel :
- panneaux de bois (pas trop lourd) ou de contreplaqué (éviter l’aggloméré !)
- panneaux d’isolant rigide résistant à la condensation
- 8 charnières (4 pour les réflecteurs latéraux, 2 pour le couvercle et 2 pour la face avant)
- 1 rouleau d’adhésif réfléchissant résistant aux hautes températures
- 2 fermetures à levier ou autres modèles permettant de bien plaquer la face avant de la caisse
- 2 morceaux de corde/câble (+ 4 serre-câbles) pour retenir la face avant ouverte à l’horizontale sans forcer sur les charnières
- 2 morceaux de câble un peu rigide pour maintenir les réflecteurs latéraux en position pendant la cuisson
- 4 petits pitons pour les cordes ou le câble
- 1 vitrage
- (facultatif) une bombe de peinture noire matte
- des vis
- des clous
Outillage :
- 1 scie pour couper les panneaux de bois et d’isolant
- 1 couteau à isolant (ou à pain, ce que nous avons utilisé ici)
- 1 perceuse-visseuse
- 1 marteau
- 1 cutter
Pour le mode d’emploi,je vous renvoie au tuto du low tech lab associé aux photos de cet article si vous voulez procéder aux mêmes adaptations que sur le modèle réalisé à la maison. N’hésitez évidemment pas à poser vos questions ou à laisser vos compléments d’informations et retours d’expérience en commentaire : plus on est de fous, plus nos conceptions seront efficaces en plus de nous faire sourire de satisfaction ! 😉
Bon appétit !
C’est chouette de se dire que la seule énergie utilisée une fois l’objet fabriqué est : le soleil ! On revient à un temps plus long, comme les anciens qui cuisaient leur plat dans leur marmite sur leur poêle à bois pendant toute une journée. ça rajoute un autre rapport au temps aussi.
Belle surprise, cette découverte « Low Tech » 😉
Stupéfiante détermination réalisatrice, Sarah &Cie !!
qui fait honneur au dieu Râ et à ses dons généreux (hélas pas dans le Nord Meusien, cette année)
bravo
Une fois quelques soucis phobiques résolus (et je m’y attelle ) je m’ inviterais bien à ton banquet solaire.
merci pour ce partage d’idée et de réalisation
Salut je vois pas le lien vers le tuto du low tech lab, ya que le site general.
Sinon bien racontée l’aventure du four solaire et ses tâtonnements, ça permet d’éviter d’éviter de faire les mêmes boulettes 🙂
Youpla boum : https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Multicuiseur_solaire
Bonne exploration !