Je suis devenue apicultrice avant tout par amour pour la nature, envie de protéger les abeilles et désir de mettre en place un jardin nourricier le plus cohérent et complet possible, où les pollinisateurs seraient chez eux. Bien sûr, je me réjouissais aussi de récolter du miel mais ne comptais pas en produire en grande quantité. En commençant à me familiariser avec les pratiques apicoles, j’ai été surprise d’apprendre que le miel dont on prive les abeilles en le récoltant est substitué par du simple sirop liquide (sucre et eau) pour leur permettre de passer l’hiver. Et oui, l’or jaune dont on se délecte constituait en fait leurs provisions personnelles pour la froide saison. Vu les incroyables propriétés médicinales du miel dont nous aimons profiter, je ne pense pas qu’il soit équivalent d’en priver les abeilles en le remplaçant intégralement par du sirop. Cette année, j’ai donc décidé de laisser une partie de leur miel à mes alliées ailées.
En Belgique, on récolte principalement le précieux miel à deux moments de l’année : au terme de la miellée de printemps (vers la mi-mai) et au terme de la miellée d’été (vers la mi-juillet). Cette année, j’ai ainsi prélevé deux hausses sur quatre au printemps et une sur quatre en été en vue de leur laisser le reste pour l’hiver. Pour prélever ces hausses en toute sérénité, j’ai placé une sorte de petit système d’entonnoir que l’on appelle chasse-abeilles qui les empêchent de remonter dans l’étage une fois qu’elles redescendent dans le corps. Il m’a alors suffi de récupérer les cadres remplis de miel et operculés (c.-à-d. refermés par les abeilles à l’aide de cire) pour les emmener à la petite miellerie d’Éliane, ma prof exceptionnelle aussi très impliquée dans l’union apicole locale dont je suis membre.
Il faut d’abord retirer les fameux opercules à l’aide d’une fourchette pour ouvrir les cellules remplies de miel puis placer les cadres ainsi ouverts dans un extracteur, sorte de centrifugeuse en inox où le miel est projeté sur les parois avant de couler dans le fond. Pour bien se conserver, le miel ne peut contenir plus de 18% d’humidité. On mesure le degré d’humidité avant de l’extraire à l’aide d’un réfractomètre. Après quelques tours de manège, c’est l’ouverture du robinet. Le miel qui s’écoule est filtré, recueilli dans un maturateur et écumé.
Avant d’empoter, le miel doit prendre de la consistance et commencer à cristalliser. Pour que les cristaux ne soit pas trop grossiers, on bat le miel en remuant une centaine de fois dans chaque maturateur jusqu’à sentir son changement de texture. Ce processus dure plusieurs jours (voire une semaine à dix jours) en fonction des espèces de fleurs butinées par les abeilles pour constituer le miel, du degré d’humidité du miel récolté et du rapport dans sa composition entre le fructose et le glucose.
Une fois le miel prêt à quitter le maturateur, on le met en pots. Dans notre cas, il s’agit de pots en verre de 500g munis d’un couvercle métallique à pas de vis que l’on étiquette. Le miel de nos abeilles est polyfloral car elles visitent de nombreuses espèces de plantes différentes. Sa saveur dépend donc de la saison mais aussi de l’année puisque les conditions climatiques vont influencer la capacité des abeilles à visiter ou non certaines espèces. Cette année, nos abeilles ont visiblement eu l’occasion de se délecter de nectar de châtaigner, ce qui donne à notre miel d’été une teinte plus ambrée et un parfum plus prononcé que l’an passé où la dominante était le tilleul plus suave. On ne se lasse pas du fruit des efforts de nos abeilles !
Pour info, le miel se conserve à l’abri de l’oxygène et de l’humidité (grâce au couvercle métallique) et à une température fraîche (14°C idéalement).
Bonjour,
Bel article…
Je partage aussi le même sentiment vis à vis du remplacement du miel par le sirop.
Ce qui m’interpelle surtout, outre les propriétés particulières du miel, c’est que ce sirop est généralement fabriqué à partir de betteraves (ou de céréales) qui ont été traitées massivement par ces produits phytosanitaires que nous redoutons pour nos abeilles…
On utilisant ce type de sirop nous contribuons insidieusement à cette pollution !
Malheureusement la plupart des apiculteurs (orientés production) n’en prennent même pas conscience 🙁
Bonne continuation,
Olivier
Bonjour
Quelques comparaison avec la méthode maison (à l’époque où les parents avaient des abeilles).
Le nourrissage d’hiver était pas systématique, généralement lié à des conditions pourries : genre température ni trop, ni pas assez douce, pluies continues, …
Pour le nourrissage, c’était le vieux miel (celui qu’on avait pas consommé au bout de 2 ou 3 ans), qui était réchauffé un peu pour le rendre liquide et mélangé à de l’eau.
L’extraction se faisait aussi à la centrifugeuse, mais j’ai vu que certains le faisait juste au couteau et en étant plus patient.
Sinon, on ne remuait pas les miels, car c’était une production perso. (et qu’on était un peu flemmard)
Dernière astuce, je sais pas comment ça fonctionne en Belgique, mais en France, il était conseillé de s’inscrire à l’abeille de France.
Déjà pour avoir les nouvelles du milieux, mais aussi pour avoir une assurance responsabilité civile pour les ruches!
Un mec de la commune avait été ennuyé par des touristes à cause de piqûres d’abeille et l’assurance avait géré le problème.
Ceci dit, faudra que je teste par moi-même, mais pour le moment, c’est un peu trop le bazar dans la maison! 😉