ça y est, je me lance ! Pour la première fois, et avec l’accompagnement de l’une des personnes les plus précieuses pour moi sur cette planète, je débute un ‘vrai’ jeûne, enfin, je veux dire par là que je vais faire plus que sauter un ou deux repas et tenter un jeûne d’une semaine. Bien entendu, je ne mets pas la pression et me sens tout à fait disposée à interrompre l’expérience si je sens qu’elle ne me convient pas ! Par ailleurs, je tiens à préciser que cet article vise uniquement à partager ma très modeste et première expérience, il ne vise en rien l’exhaustivité (il existe des tas d’ouvrages à lire sur le sujet si vous voulez l’aprofondir) et je ne suis pas médecin, je chemine, tout simplement.
Le principe
Arrêter d’ingérer tout aliment solide pendant 7 jours complets après avoir préparé son corps au cours d’une descente alimentaire et avant une reprise tout en douceur. Descente et reprise alimentaires, mais keskecè ? Et bien, il s’agit de supprimer progressivement des éléments de son alimentation en amont du jeûne et de les réintroduire tout aussi progressivement en aval. Dans ce cas-ci, la durée prévue du jeûne étant de sept jours, nous avons procédé comme suit :
- jour 1 de la descente : supprimer tous les ‘toxiques’ (café, thé, chocolat, alcool, tabac et autres substances)
- jour 2 de la descente : supprimer la viande, le poisson,les œufs et les crustacés
- Jour 3 de la descente : supprimer tous les produits laitiers (beurre, yogourt, lait etc)
- Jour 4 de la descente : supprimer toutes les céréales ainsi que les pommes de terre
- Jour 5 de la descente : supprimer les légumineuses
- Jour 6 de la descente : supprimer les oléagineux (noix en tous genre, graines de tournesol, courge etc)
- Jour 7 de la descente : supprimer les fruits et légumes
La formule
Dans notre cas, le principe Butchinger autorise tout au long de la semaine de jeûne la consommation de tisane à volonté (privilégier les plantes favorisant la détox comme l’artichaut, le pissenlit, le radis noir, la bardane, l’écorce de bouleau…) ainsi qu’un jus extrait de légumes et d’un fruit par jour le midi (pas un smoothie mais bien un jus sans la matière solide de ces aliments) et un bol de bouillon de légumes (donc juste l’eau de cuisson des légumes, sans graisse ni poudre de perlimpinpin animale, of course, éventuellement agrémenté d’algues). Ce mode de jeûne permet d’éviter de se déminéraliser, ce qui me guetterait voire serait assuré dans mon cas en cas de jeûne sec étant donné mon profil.
Pourquoi jeûner
C’est une question que mon entourage m’a beaucoup posée ces derniers jours puisque je suis plutôt fine et que la plupart des gens pensent que l’on jeûne pour perdre du poids. Au final, à l’issue de la semaine de jeûne, la perte de poids des différents participants se situe entre 3 et 5 kg. Figurez-vous qu’après le jeûne, la majorité des personnes reprennent ce qu’elles ont perdu (notamment car leurs intestins se reremplissent et contiennent donc à nouveau des selles et car on reprend l’eau que l’on avait évacuée en liquidant notre glycogène, c’est-à-dire la réserve en sucres stockée dans notre foie et nos muscles). La démarche du jeûne n’est donc pas liée au poids en tant que tel mais plutôt à la détox de l’organisme (notamment du foie) et à la mise au repos de l’appareil digestif. C’est aussi une pratique qui permet d’interroger son rapport à la nourriture, à la faim et de se libérer de peurs (in)conscientes dans ce domaine.
Concrètement, dans le corps, nous avons des réserves de sucre limitées, stockées dans le foie et les muscles pour 36 à 48h, sous forme de glycogène. Une fois ces réserves épuisées, le corps va utiliser les protéines un court laps de temps avant de mettre en route un système de consommation des graisses. Ces graisses vont alors être transformées en corps cétoniques (particulièrement appréciés par le cerveau, d’où le sommeil souvent perturbé et l’état un peu planant éprouvé par de nombreuses personnes pendant le jeûne). La crise de détoxination survient souvent entre le 3e et le 5e jour quand la quantité de graisse utilisée est importante car de nombreux déchets s’accumulent dans le sang et acidifient l’organisme, provoquant des crises curatives, souvent nommées acidose. Elle se manifeste sous forme de nausées, parfois de vomissements, de maux de tête, de brûlures d’estomac, de diarrhée, de fièvre légère… Il s’agit d’un phénomène complètement normal mais pas systématique et il n’y a aucune raison de s’en inquiéter à moins qu’il ne se prolonge dans le temps.
Mon témoignage
J’ai entamé la semaine de jeûne ce lundi après mes 7 jours de descente. Au cours de la descente, je n’ai pas ressenti physiquement de sensation particulière de faim. Cela m’a amusée de constater par contre que le fait de m’engager à supprimer certains éléments de mon alimentation m’amenait à en avoir plus envie que d’ordinaire (notamment le chocolaaaaaat). J’ai aussi pu constater que les légumineuses que j’apprécie pourtant ne conviennent pas à mon corps en quantité. Au début de la semaine, nous avons procédé à une irrigation du côlon afin de bien vider nos intestins et car les petites contractions visant à évacuer les selles peuvent contribuer aux sensations de faim. Au final, je n’ai pas été à la selle pendant une semaine du coup !
Les trois premiers jours du jeûne, j’ai ressenti la faim constamment ou presque, comme si j’avais un creux. Cela m’a surprise de constater que ce ressenti n’est pas exponentiel : il ne devient pas un gouffre, il garde la même dimension, les mêmes effets et est tout à fait supportable. Mon regard s’est porté sur toutes les enseignes alimentaires (boulangerie, restos, snacks etc) que je remarque plus que d’habitude, même celles qui ne m’attirent pas d’ordinaire. Je me suis retrouvée à table avec des personnes qui mangeaient et les odeurs de leurs mets ont pu me tenter mais rien d’insurmontable, même chose quand je me suis retrouvée dans une galerie de restaurants à l’heure du temps de midi : franchement tentant, évidemment, mais pas assez pour craquer ! En fait, j’ai l’impression que je renforce la conscience du plaisir que j’ai à manger et que je dépose la peur inconsciente que je pouvais avoir de manquer de nourriture, la croyance que je ne pourrais pas vivre normalement, voire survivre sans manger. La tisane, le jus et le bouillon m’aident aussi beaucoup. Ils continuent de rythmer ma journée comme les repas et soulagent temporairement le petit creux permanent que j’évoquais au début de ce paragraphe.
Au rayon des autres petites surprises, j’ai eu des courbatures aux mollets, comme si j’avais gravi une montagne, mes nuits ont été moins longues et plus agitées, j’ai manifesté des suées nocturnes les premières nuits et j’ai eu des chutes de tension (plus intenses le quatrième jour, visiblement le jour de la crise d’acidose). Heureusement, comme je bénéficie d’un accompagnement médical, j’ai pu apprendre que le magnésium aide contre les douleurs musculaires et que l’eau de mer est d’un secours efficace contre les chutes de tension. La médecin qui encadre cette expérience peut prendre ma tension, suivre l’évolution de mon poids, répondre à mes questions et proposer des solutions ou l’arrêt de la cure si mon poids baisse trop ou pour toute autre raison qu’elle estime valable. C’est précieux et rassurant de pouvoir compter sur elle pour cette première.
Au 6e jour, je n’ai pas rompu le jeûne mais j’ai fortement hésité à le faire à la mi-journée car mon corps me montrait de plus en plus de signes de saturation. J’ai eu de nombreuses chutes de tension et me suis sentie plutôt faible. La dynamique de détox étant déjà accomplie, je me suis demandé pourquoi je poursuivais et j’ai constaté que je m’accrochais essentiellement pour des motivations égotiques : loyauté vis-à-vis des autres participant-e-s, obstination car mon mental trouvait nul d’arrêter à un jour à peine de la fin, liée elle-même à ma quête de performance et de perfection… Bref, j’ai donc décidé qu’après le jus de midi, je ne me sentais pas mieux, je mettrais mon ego à sa juste place et mangerais quelques légumes cuits. Finalement, deux verres de jus plus tard, au lieu d’un, je me sentais beaucoup mieux et j’ai décidé de poursuivre, heureuse que ce gros coup de mou m’ait permis de mettre en lumière des éléments de mon mental que je connaissais déjà pour les avoir bien exploré mais dont j’ai pu constater à cette occasion qu’ils avaient encore une bonne emprise sur moi dans certains contextes.
La semaine s’est terminée sur un festin de légumes : bouddha bowl et sushi végétaux arrosés de sauce cru et accompagnés de légumes lactofermentés ainsi que de tartare d’algues.
Si cet article vient faire écho à une envie de votre part de démarrer un jeûne, je me dois de partager avec vous plusieurs informations essentielles à connaître avant de prendre votre décision :
- Il importe de choisir la bonne période pour se donner toutes les chances. J’entends par là qu’il vaut mieux vous libérer de toute pression professionnelle, amicale, festive, familiale etc. depuis le début de la descente alimentaire jusqu’à la fin de la reprise alimentaire. L’exercice du jeûne est en lui-même suffisant pour ne pas en rajouter.
- Pendant le jeûne, il est absolument nécessaire de faire quotidiennement de l’exercice physique (yoga, étirements, marche d’au moins 5km…) en vue de ne pas perdre trop de masse musculaire. Pas question cependant de se livrer à des efforts physiques extrêmes ou requérant tout votre sens de l’équilibre.
- Le fait d’appliquer une bouillotte sur votre foie le soir l’aidera à assurer sa mission detox.
- Il est aussi opportun de prévoir de se minéraliser en amont et de soutenir le processus tout au long avec des compléments comme le magnésium (courbatures), un mélange d’oligo-éléments modérant l’acidification et de l’eau de mer (contre la déminéralisation.
Avertissement important : si vous n’êtes pas accompagné-e, veillez à consulter ou à arrêter dès que vous ressentez des douleurs importantes, des courbatures fortes à répétition, de grosses chutes de tension, de gros coups de chaud ou de froid ou tout autre malaise. Évidemment, il ne faut se lancer dans cette expérience que si on en ressent l’élan et à tout pris demander l’avis de son médecin en cas de traitement médical. Il est fortement recommandé de se faire accompagner pour un premier jeûne d’une semaine. Sinon, commencez tout simplement par des jeûnes intermittents ou très brefs. Toute forme de jeûne est néanmoins déconseillée si vous êtes enceinte, si vous allaitez, si vous êtes enfant ou adolescent, si vous souffrez de troubles alimentaires, si vous êtes âgé, si vous êtes fatigué, très maigre, affaibli ou si vous avez subi une chirurgie récente.
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